vendredi 5 mars 2010

Nicolas Sarkozy serait-il le digne héritier de ... Michel Rocard?










Le rapprochement peut paraître incongru, mais de nombreuses similitudes existent entre les deux hommes, tant dans leur action que dans leur vie privée. Le président n'a jamais caché une forme de respect pour l'ancien premier ministre et lui a même confié une mission. Alors, Nicolas Sarkozy est-il l'héritier de Michel Rocard?



Oui

Les deux hommes politiques ont basé sans cesse leur politique sous le signe du pragmatisme, avec des méthodes de travail proches. Ils n'aiment pas confier des postes à leurs amis proches : si Sarkozy a pu vexer Devedjan, Rocard s'est fâché avec Huchon son ancien bras droit, chacun a pratiqué l'ouverture pour leur gouvernement (Kouchner, Bockel, etc pour Sarkozy, Durafour, Soisson, etc pour Rocard). Les deux hommes aiment l'amitié des grands patrons comme Bolloré, le yacht pour l'un, partenaire dans la société Afrique-Initiatives pour l'autre. Enfin, dans leur vie privée, Sarkozy et Rocard ont eu chacun trois femmes, un rapport difficile avec la figure paternelle et une enfance relativement aisée.



Peut-être

Chacun des deux a été militant très tôt et sous le feux des médias relativement jeune. De plus leur milantisme a été actif et sincère, les deux ont collé des affiches, participé à des campagnes sans être en position d'être élu, etc. Les deux homme partagent un enthousiasme juvénile dans leur action, un dynamisme et une image d'énergie dans leur combat. Sarkozy et Rocard ont tous les deux connu des échecs cuisants dans les piégeuses élections européennes. Ils ont eu chacun une sorte de père spirituel dans la politique, Balladur pour le président, Mendès-France pour l'ancien premier ministre. Enfin, dans leurs loisirs les deux ne cachent pas le goût des vacances plutôt luxueuses, quand l'un part aux Etats-Unis, en Egypte, etc., l'autre a fait de son séjour annuel à la station de ski des Arcs une sorte de pèlerinage pour ses proches.



Non

Sarkozy a toujours été obnubilé par la fonction présidentielle alors que pour Rocard celle-ci n'apparaissait que comme naturel. Il a toujours refusé de se présenter contre Mitterrand, peut-être par maladresse politique, certainement par honnêteté intellectuelle alors que Sarkozy a très tôt développé un instinct de « tueur » inspiré de son premier mentor, Jacques Chirac. Au delà de leurs différences partisanes, Rocard a toujours suivi une sorte de cohérence dans son engagement politique, le fondateur de la deuxième gauche s'est toujours tenu à cet axiome, alors que Sarkozy paraît plus souple de sa conception de l'économie : ancien grand libéral, il se fait maintenant le grand pourfendeur du capitalisme.



Bilan

Dans sa fonction présidentielle, Nicolas Sarkozy cherche une sorte de hauteur qui le mettrait au-dessus des petits combats politiques. La référence à Rocard se fait dans ce but : les électeurs ont toujours aimé ce petit type sympathique, sans égo démesuré mais à la compétence reconnue, aux faiblesses évidentes et à la vie passionnelle tellement fournie, un homme si français en quelque sorte. Nicolas Sarkozy recherche davantage a se rapprocher de cette image d'Épinal que de s'approprier réellement l'héritage de l'ancien premier ministre.

Julien Tisserand

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