
Jacques Chaban-Delmas (1915-2000)
Major de promo à Saint-Cyr, résistant, Maire de Bordeaux de 1947 à 1995, député de Gironde de 1946 à 1997, plusieurs fois ministre, premier ministre, président de l'assemblée nationale, Jacques Chaban-Delmas connaît une carrière politique brillante, marquée par un style novateur et énergique (son projet de "Nouvelle société" notamment).
En 1974 il se présente à l'élection présidentielle suite au décès de

Il se voit lâché par Jacques Chirac et 43 parlementaires et ministres de l'UDR qui lui préfèrent Valéry Giscard d'Estaing et, de fait, les sondages lui sont rapidement défavorables. Françoise Giroud qui soutient François Mitterrand aura ce mot terrible sur sa candidature : "on ne tire pas sur une ambulance". Il arrive troisième au premier tour, avec un peu plus de 15 % des voix. De sa défaite, on créera le cruel néologisme "se faire chabaniser" (c'est-à-dire perdre une élection alors qu'on apparaît comme le principal favori. Voir Balladur.)
Michel Rocard (né en 1930)
Parlementaire, premier ministre, premier secrétaire du parti socialiste, brillant intellectuel et homme politique, Michel Rocard aurait dû devenir président de la République. Il était programmé pour, une partie de l'opinion n'attendait que lui. Problème : il était de la même génération que Mitterrand. Ce fut, entre les deux, une guerre sans merci pour diriger le pays où Mitterrand gagna toutes les batailles, celles des élections présidentielles de 1981 et de 1988.

En 1993, il devint premier secrétaire du parti socialiste, avec pour ambition la présidentielle de 1995 à laquelle Mitterrand ne pouvait se présenter. Mais celui-ci, dans un dernier souffle de haine, favorisa sa défaite aux européennes de 1994 en favorisant "officieusement" la liste de Bernard Tapie. Michel Rocard fut contraint de démissionner de son poste de premier secrétaire, alors mis en minorité suite à sa terrible défaite électorale des européennes. Il tentera, assez pathétiquement, de remplacer la candidature de Ségolène Royal pour la présidentielle de 2007. Le "loser" magnifique par excellence, notre champion hors catégorie.
Edouard Balladur (né en 1929)
Edouard Balladur fait partie d'une deuxième catégorie de "losers", avec Lionel Jospin, les "malgré eux". Les hasards de la vie politique les ont amenés vers de hautes fonctions, mais en dépit de leurs grandes capacités intellectuelles et de leurs compétences, leur manque de charisme les condamnait pour la présidentielle. Pourtant, ils y ont cru, approchant les sommets, convaincus de leur victoire mais se sont finalement écroulés. Meurtris, forcément, car non préparés à la défaite, eux qui n'envisageaient pas la conquête du graal de manière raisonnable.
Edouard Balladur est né en Turquie et il commence sa carrière sous

Mais... Chirac fait une campagne brillante marquée par le thème de la "fracture sociale", Balladur multiplie les gaffes et sa popularité est écornée par des affaires, il apparaît de plus en plus comme hautain et distant vis-à-vis des électeurs si bien qu'il se fait éliminer lors du premier tour avec un peu plus de 18 % des voix. Le "loser malgré lui" a cela de particulier : la défaite amère. Il n'y avait jamais pensé, on lui a fait croire, il s'est investi corps et âme rendant plus cruelle encore la déception. Sa "lose" entrera dans la postérité grâce à sa fameuse formule, le soir, de sa défaite : "je vous demande de vous arrêter".
Lionel Jospin (né en 1937)
Lionel Jospin a perdu deux fois la présidentielle. Cela n'a rien d'honteux mais sa deuxième défaite aura marquée l'histoire politique avec la présence du candidat de l'extrème droite au second tour. La preuve que tant que ce n'est pas gagné, ce n'est pas gagné. L'ex-futur président a payé cher une campagne électorale catastrophique lui qui se présentait pourtant avec un bon bilan comme premier ministre : baisse du chômage, croissance économique, mesures fortes comme le PACS, les 35 heures, la CMU, etc. Mais celui qui créa la surprise en 1995 en arrivant au second tour de la présidentielle face à Jacques Chirac pâti de la lassitude des électeurs face au retour de ce duel.

De plus, de nombreuses sorties médiatiques, maladroites, l'handicapèrent encore plus : "l'état ne peut pas tout" quand il rendit visite à une usine ménacée de fermeture, "mon programme n'est pas socialiste" lors d'un journal télévisé. Trop de points négatifs pour un seul homme, trop de dispersions de voix au premier tour pour les autres candidats de gauche et, au final, l'humiliation du 21 avril 2002 lorsqu'il fut devancé par Jean-Marie Le Pen. A chaud, marqué par ce camouflet, il annonça son retrait de la vie politique français. Puis, comme un bon "loser", il sembla le regretter ensuite...
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P.T.
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