mercredi 11 novembre 2009

On était à la cérémonie du 20ème anniversaire de la chute du Mur de Berlin place de la Concorde

L'Etat français, à l'initiative de Pierre Lellouche, Secrétaire d'Etat chargé des affaires européennes mais aussi Secrétaire général pour la coopération franco-allemande, a voulu marquer le 20ème anniversaire de la chute du Mur de Berlin, lundi 9 novembre, par une cérémonie "symbolique", place de la Concorde, entièrement financée, précise-t-on au gouvernement, par de grandes entreprises comme Total, Véolia ou encore Aréva. Retour sur cette cérémonie du "pauvre".

Nous arrivons à 18h30 mais du mauvais côté de la place de la Concorde. "Vous avez des invitations? Non, alors vous ne passez pas". L'accueil des policiers français est aussi glacial que la température extérieure et lorsqu'on demande par où passer, les fonctionnaires, laconiques et charmants, nous répondent : "nous on est là pour les invitations, vous vous démerdez". Cela commence bien.

Nuit noire et bonne ambiance

Direction le jardin des Tuileries, unique moyen d'accéder à la cérémonie. "C'est encore bien organisé ça, bravo" peste une dame. Une autre rétorque "les français râleurs sont de sortie". Ambiance.

La traversée du jardin se fait dans le noir total, les lampadaires étant éteints pour l'occasion. C'est une lente procession entre les arbres et les flaques d'eau jusqu'à la place de la Concorde où le décor se dévoile. A vrai dire il faut quelques moments avant de comprendre la mise en scène : la place est elle-aussi plongée dans le noir, divers tentes y sont dressées, des camions de télévision sont là. Peu à peu nous découvrons l'impressionnant dispositif. Un écran géant est dressé à l'entrée de la rue Royale, entre l'hôtel de la Marine et l'hôtel Crillon. Autour, en arc-de-cercle, des sortes de miradors, taggés, sont dressés à deux mètres du sol. En face de l'écran géant, un grand chapiteau est réservé aux officiels.

"15 minutes avant l'arrivée du Premier Ministre, veuillez regagner vos sièges". Le speaker rappelle que ce soir, en l'absence de Nicolas Sarkozy, c'est François Fillon le maître de cérémonie.

Derrière le chapiteau des officiels la foule se masse le long des barrières prévues à cet effet. Enfin foule... il doit n'y avoir que 5 000 personnes, grand maximum, sur la grande place d'où une légère impression de vide. C'est un peu le bazar pour y voir quelque chose : le chapiteau central masque l'écran géant, les caméras et les camions de télévision nous empêchent d'avancer et l'obscurité ne nous permet pas encore d'appréhender l'espace.

Nous arrivons à trouver un endroit pour apercevoir l'écran géant, rogné sur sa gauche par une énorme "louma", cette caméra sur grue, et sur sa droite par la tribune des invités. On distingue tout de même le compte à rebours diffusé sur l'écran, plus que cinq minutes. Dans le public, il y a pas mal d'allemands, des touristes d'autres pays, puis essentiellement des parisiens de plus de cinquante ans, en couple. On devine l'arrivée de François Fillon en suivant les spots des caméras au loin. La cérémonie peut commencer.

Violoncelles et décibels

A 19h pile, la cérémonie commence. L'écran géant s'anime et des images sont également projetées sur les façades des hôtels de la Marine et Crillon. La foule perd de sa timidité, des "oh" et des "ah" ainsi que des applaudissements accompagnent les différents tableaux proposés. On y revoit l'histoire du Mur de Berlin jusqu'à apercevoir le célèbre violoncelliste Rostropovitch.

Lorsque ce dernier commence à jouer, sa musique détruit littéralement le Mur. C'est alors que nous comprenons l'utilité des miradors disposés en arc-de-cercle. Un violoncelliste, en chair et en os apparaît dans celui en face du chapiteau des officiels. Il commence à jouer du Bach, le son est encore plus énorme qu'un concert de Mötorhead dans une salle des fêtes. Ce déferlement de décibels ne semble pas gêner mon voisin qui accompagne chaque note d'un mouvement de tête, quasi en transe.

Nos oreilles commencent à s'habituer lorsque, soudain, les autres miradors s'éclairent. C'est maintenant un orchestre d'une cinquantaine de violoncellistes qui prend forme et se met à jouer.

Alors que nos oreilles commencent à saigner, que les femmes s'évanouissent et que les chiens hurlent à la mort, 300 choristes entonnent l'hymne à la joie des balcons des hôtels de la Marine et Crillon. C'est l'épouvante dans l'assistance, la panique se fait sentir, les yeux s'écarquillent, terrorisés, semblant implorer la pitié.

Lorsque la cérémonie prend fin vers 19h30, nous comprenons désormais le sens du mot "acouphène". Il nous faut retrouver le métro alors que la place de la Concorde et le jardin des Tuileries sont toujours plongés dans le noir. Notre récente surdité nous fait perdre le moindre sens de l'orientation et lorsque nous demandons notre chemin à un policier posté devant le musée du Jeu de Paume, ce dernier nous répond : "je ne sais pas moi, faut demander aux gens, circulez s'il vous plaît". Vivement la cérémonie du 11 novembre.

P.T.



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