mardi 20 octobre 2009

La communication tranquille de Frédéric Mitterrand

Si Frédéric Mitterrand est ministre de la culture, il est aussi celui de la communication. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il la maîtrise : retour sur son 20h suite à son "affaire".


Calme et concentré. Fédéric Mitterrand nous a donné un bel aperçu d'une communication de qualité au journal de 20h sur TF1, jeudi dernier. Avec un "flow" contrôlé, paré d'une syntaxe non dénuée d'une certaine musicalité, il se place dans une posture intéressante et entièrement dédiée au message qui sera délivré.

Les mains croisées proches de son visage, il écoute la question "à l'abri". Cette position d'écoute est sécurisante. Le regard est franc et attentif.


Puis, il décroise les mains et les baisse, se redresse. Il sait que la caméra est désormais toute à lui, il prend la parole, il prend le pouvoir. Cependant, contrairement à l'attitude habituelle des politiques, qui répondent dans ce type de rendez-vous, par un regard direct pour le poseur de la question, et un discours appuyé, destiné asseoir une position avec force, il choisit la finesse. Le discours se déroule et s'installe. Frédéric Mitterrand prend son temps. Il prend le temps de réfléchir ses mots, de retrouver calmement ce qu'il a sans aucun doute préparé.



L'enjeu est important. C'est de lui qu'il s'agit. Il faut qu'il parle de lui. Son regard passe de son interlocutrice à ses mains ou dévie sur le côté. Bien entendu, il ne regarde pas ses mains, il pense. Il cherche en lui. Sa posture, la tête rentrée dans ses épaules, position de défense ou à tout le moins de défiance, tournée vers son intériorité atteste qu'il ne s'agit pas d'une récitation. Lorsqu'il lève les yeux vers Laurence Ferrari c'est pour insister sur le mot prononcé simultanément. C'est une façon de dire, ce que je dis là est important. Tout cela est parfaitement maîtrisé. La tête légèrement penchée sur le côté est une manière de dire, je ne te domine pas, je cherche un consensus. Je ne souhaite pas te dominer.


Paradoxalement, avec ce que signifie cette posture, c'est lui qui domine. Il possède son discours et dans la mesure ou il n'est pas dans une confrontation grossière, il est difficile de reprendre la main sur ce qu'il dit. Il a le champ libre et dispose ainsi d'une forme de légitimité dans la conservation de la parole. Il a le contrôle.


Il écrase la pauvre Laurence qui se débat comme elle peut, voire il se permet de l'attaquer.


"Vous avez lu le livre Laurence Ferrari ?" (deux fois)


Puis, il se raconte, il dit "ce qu'il ressent" et ça c'est très bon. "Je pense à mon honneur", "je pense à ma famille". Des valeurs sociales importantes pour tout le monde. Il conserve l'attitude décrite de manière constante pendant toute l'interview.


Une fin sublime


La dernière question de la journaliste va lui donner la possibilité de renforcer tous les efforts déployés. La question suscite l'indignation, soit dit en passant, il donne la seule réponse qu'il est possible de donner publiquement.


La posture change et vient au soutien de cette indignation. Il se redresse, il fait face. La tête est droite et le regard direct et offensif. Il n'y a pas à réfléchir, il n'y a pas à penser. La question est simple, la réponse l'est tout autant. La journaliste lui offre un formidable moyen de terminer.


Sarah Daniel


1 commentaire:

  1. "il propose une regard inédit et décalé sur l'univers politique"

    on l'attend toujours...
    enlevez vos oeillères, l'ennui est aveuglant

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